L’économie du savoir constitue une nouvelle économie dominée par l’investissement immatériel, la production et la diffusion des connaissances,
et ce, grâce à l’émergence des nouvelles technologies de l’information et de la communication. En effet, les connaissances constituent les principales sources de création de richesses, elles permettent des gains de productivité et de compétitivité.
En d’autres termes, la performance des entreprises dépend de leur capacité d’acquérir, d’assimiler et de mobiliser les connaissances dans leurs activités.
Dans son dernier rapport sur l’économie du savoir publié au mois de novembre 2019, l’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (Itceq) a mis l’accent sur les dimensions microéconomiques de l’économie du savoir : impact de l’investissement dans le savoir sur la compétitivité des entreprises, et capacité d’absorption et de gestion des connaissances par les entreprises.
Le rapport indique que la transition vers une économie du savoir requiert une mise à niveau permanente de tous les acteurs intervenant dans le processus de production des savoirs et des connaissances, des moyens de leur transfert et leur diffusion, ainsi que de l’amélioration de l’environnement des affaires, afin de permettre aux entreprises de concevoir des combinaisons productives plus efficaces.
L’évaluation du niveau de savoir des entreprises et des structures permettra d’établir un état des lieux sur le stade d’avancement de la politique de transformation des structures économiques et de relever les faiblesses et les obstacles en vue de les surmonter.
Selon la même source, «l’approche d’évaluation de l’appropriation du savoir au niveau des entreprises et au niveau sectoriel repose sur des techniques d’analyse factorielle, notamment l’analyse des composantes principales (APC). Cette dernière a permis d’élaborer un indice synthétique de l’économie du savoir (IES), en exploitant l’enquête annuelle sur la compétitivité 2014». Cette enquête renferme 877 entreprises privées opérant dans l’industrie et les services dont 82% de petites et moyennes tailles (PME) et 18% de grande taille (GE) conformément à la structure du tissu industriel tunisien. Selon la distribution des entreprises par régime d’activités, 21% des entreprises sont totalement exportatrices.
Le rapport précise que «le traitement de l’enquête a permis de sélectionner 21 indicateurs relatifs aux quatre facteurs de l’économie du savoir. Ces indicateurs reflètent plusieurs aspects de l’activité d’une entreprise évoluant dans une économie ouverte et concurrentielle».
Par régime d’activité, les entreprises totalement exportatrices ont un niveau de savoir plus élevé que celles opérant sur le marché local et/ou partiellement exportatrices. Cette différence réside au niveau des facteurs ressources humaines et gestions de l’entreprise.
Typologie sectorielle
Le rapport fait ressortir que l’industrie pharmaceutique émerge parmi les secteurs intensifs en savoir. «Elle devance de loin les activités financières, les télécommunications et les activités informatiques. Parmi les activités industrielles, l’industrie du papier et du carton et les PME sont, également, bien classées, se caractérisant, entre autres, par une intégration de plus en plus poussée des nouvelles technologies et une amélioration de la qualification de la main-d’œuvre».
Mieux encore, les performances réalisées par le secteur de la pharmacie, de l’informatique et des activités financières et d’assurance et les IME et les industries du papier et du carton dans le domaine de l’économie du savoir sont dues essentiellement à la qualité de leurs ressources humaines, précise-t-on. Et d’ajouter que ces secteurs, dont les activités sont pour la plupart à caractère technique, emploient une main-d’œuvre qualifiée. Ils sont très bien classés par rapport au facteur «ressources humaines».
En ce qui concerne les entreprises non performantes, elles sont contraintes à quitter le marché, contrairement aux entreprises nouvellement créées qui sont logiquement mieux organisées et sur le plan technologique sont mieux avancées pour pouvoir affronter la concurrence.
Dans le même ordre d’idées, le rapport indique que l’analyse du niveau du savoir des entreprises nouvellement créées montre qu’elles ne disposent pas nécessairement d’un niveau technologique et d’un niveau de compétence plus élevés que ceux des entreprises en activité. «Ceci démontre le fait que le marché tunisien n’est pas suffisamment concurrentiel et qu’il existe des distorsions qui entravent le libre jeu de la concurrence».
D’après le rapport, la corruption, le clientélisme et le développement spectaculaire de l’économie informelle et du marché parallèle, qui ont atteint des niveaux alarmants, entravent le développement des entreprises tunisiennes.
Compétitivité des entreprises
Le rapport montre que 40% des entreprises qui se considèrent compétitives ont misé sur l’investissement dans le capital humain. Cet investissement peut prendre plusieurs formes, telles que la formation du personnel et la stratégie de recrutement. «La formation est une condition sine qua none qui permet aux travailleurs d’actualiser et d’enrichir leurs connaissances, d’une part, et de s’approprier les nouvelles technologies et méthodes d’organisation pas en perpétuelle évolution, d’autre part».
Par ailleurs, environ 59% des entreprises fortement compétitives dispensent au moins une formation à leur personnel. «Ceci laisse présager le fait que la formation contribue à l’amélioration de la position compétitive de l’entreprise via notamment un accroissement de la productivité du travail».
D’un autre côté, le rapport relève l’importance de la recherche et développement et l’innovation qui sont considérées comme un déterminant essentiel de la compétitivité. Elles permettent aux entreprises de concevoir de nouveaux produits et services, de nouveaux processus, de nouvelles méthodes d’organisation, de gestion et de commercialisation, voire d’améliorer la qualité totale. C’est ainsi que parmi les entreprises qui se considèrent compétitives, 43% ont investi dans la recherche et développement.
En outre, une analyse plus détaillée montre que 46% des entreprises compétitives ont réalisé au moins une innovation et que 16% d’entre elles seulement disposent d’un département de recherche et de développement.
L’intégration des TIC permet aussi d’améliorer la compétitivité des entreprises. D’après le rapport, les TIC sont génératrices de gains de productivité dans la mesure où elles permettent une meilleure régulation du temps, ce qui représente un gain en termes de flexibilité organisationnelle.
Il est à noter que le taux des entreprises compétitives ayant investi dans les TIC s’élève à 42% et 70% disposent d’un système d’information interne. Néanmoins, 8% seulement des entreprises compétitives ont recours aux pratiques du commerce électronique. «Ce faible recours au commerce électronique peut être expliqué par le manque de sensibilisation ou par des problèmes liés au cadre réglementaire et à la sécurité des transactions (système de paiement électronique), ce qui rend les entreprises réticentes face à ce type de pratique».
Ainsi, l’investissement dans la recherche et développement et l’innovation, le niveau d’intégration des TIC et les pratiques organisationnelles s’avèrent être les principaux déterminants de la compétitivité d’une entreprise. En effet, quand les entreprises accroissent leurs investissements dans la recherche et développement, les TIC et l’organisation et la gestion d’une unité, leurs chances d’être compétitives augmentent respectivement de 23%, 27% et 20% .